Ordre de la gratitude:

Octobre  2009  -     Camille Sauvé


 


Hommage à Camille Sauvé   6 octobre  2009 par Clarisse Litalien et André Beaudin

 

Le comité de direction de la Section Du Suroît de l’Association québécoise des directrices et des directeurs d’établissement d’enseignement retraités est fier de remettre à M. Camille Sauvé cette plaque souvenir, témoignage de gratitude et de reconnaissance pour sa grande implication au service des directions d’écoles retraitées.

Le président 2008-2009

André Morin

 

AQDER Du Suroît

 

Hommage à Camille Sauvé

 

Grand Argentier de notre section

De 1996 à 2005


Le 6 octobre 2009

Cher Camille,

Ne sachant pas qu’on m’avait confié le mandat de t’honorer, tu m’as répété à maintes reprises que, le temps venu, tu souhaitais une présentation simple, sans prétention, modeste, rien qui puisse te faire pleurer et que tu redoutais ce geste de la Section Du Suroît qu’on nomme l’Ordre de la Gratitude.

Cependant, tu ne peux y échapper, c’est un honneur que tu mérites grandement, même s’il est vrai que le nom « Ordre de la Gratitude » s’harmonise peu avec ton humilité naturelle.

Tu mérites aussi que l’on rappelle, à tous ceux qui sont ici ce soir, quelques anecdotes, faits marquants de ta carrière, quelques détails qui t’ont rendu si agréable à côtoyer.

Camille, tu parles avec fierté, avec émotion de ton père Delpha Sauvé. Ton père, député de Beauharnois dès 1935, fut l’instigateur d’un audacieux projet, le Parc Sauvé, à Valleyfield. Ce projet permit à des centaines de chômeurs miséreux de retrouver leur joie de vivre en contribuant à transformer un terrain vacant et sale en un parc enchanteur toujours fréquenté et apprécié. Tu peux être fier de ton père.

Dans la revue « Au fil du temps », tu affirmes entre autres : « Quand j’étais petit, je me rappelle que des gens venaient frapper à la porte de notre maison pour demander de la nourriture. On leur donnait des sacs de provisions pour nourrir leur famille ». Cher Camille, de ton père, tu as hérité de la générosité et du besoin d’aider les plus démunis.

Camille, tu sais aussi écouter avec ton cœur et tu célèbres la beauté de la vie en prenant un soin jaloux de celle-ci. Tu t’éloignes de nos hivers éprouvants, préférant le regard vers la mer à celui sur les tempêtes de neige, tu pars à l’été indien pour revenir à la résurrection de la nature, et c’est très bien comme ça, mais tu demeures en étroit contact avec la famille et tes amis, avec tes enfants, tu n’oublies personne. C’est une autre grande qualité qui fait que l’on t’apprécie.

Tes enfants ! Comme tu les aimes ! Tu en parles avec des étoiles dans les yeux. J’ai l’impression de les connaître tellement tu me fais partager leurs expériences de vie. Tu habites encore la maison paternelle et tu caresses le rêve de la laisser à tes enfants.

Camille et moi sommes capables de nous raconter nos joies, nos épreuves, nos misères et de finir par de grands éclats de rire. Imaginez les récits sucrés, salés.

Te souviens-tu, cher ami, d’avoir participé à une danse le 23 février 1974 ? D’en avoir été la vedette ? Ta chevelure d’alors était foncée, fournie, et ton menton enjolivé d’une barbichette noire. Tu ne t’en souviens pas ?

Je vais t’aider un peu. Tu étais le directeur de l’école Julien, école qui accueillait « l’Enfance inadaptée » de Valleyfield et des environs. Toujours pas clair ?

C’était dans le cadre du 100e anniversaire de Salaberry-de-Valleyfield. Le comité organisateur de l’aide à l’enfance inadaptée voulait ramasser des fonds et avait pensé à une danse. Mais pour mener cela à bien, il avait besoin d’un appui. On t’avait remis un «quèquechose». Sûrement pas un pot de vin !

Cette révélation, je l’ai découverte dans l’album souvenir du centenaire, à la page 72, où tu es photographié, bien sérieux, avec Maurice Marleau et Claude Mc Sween.

Camille, regardez-le bien. Trouvez-vous une ressemblance avec un homme bien connu du milieu de la communication ?

Camille et moi étions à Montréal et, à ma grande surprise, plusieurs personnes le saluaient : «Bonjour, monsieur Charron». Tout comme monsieur Claude Charron, tu as le regard intelligent, direct, le sourire franc, la facilité à t’exprimer sans ambages.

Camille, tu as été un dévoué travailleur social qui s’est converti en dévoué directeur d’école, noble gagne-pain, noble profession que tu as exercée jusqu’à ta retraite.

Tu as œuvré au comité de direction de notre section de 1996 à 2005. Comme trésorier, tu veillais sur nos finances avec la précision d’un horloger, avec la minutie d’un apothicaire comptant ses gouttes. Tu craignais les erreurs comme la peste. Pour te rassurer, te calmer, je te disais parfois : «S’il y en a qui ne sont pas contents du bon travail que tu fais, qu’ils prennent ta place».

C’était du temps où le bénévolat était de rigueur et, si à la dernière réunion du C.A., Gilles Leblanc, alors président, nous a donné un beau10 piastres, c’était simplement pour souligner le plaisir d’être ensemble.

Te souviens-tu d’un dîner que nous avions organisé à l’Auberge des Gallant? En négociant serré, nous avions obtenu le repas pour 15,00$ par personne. Quand vint le temps de payer, tu étais allé avec Jeanne-Mance, notre dévouée secrétaire, rencontrer le demeuré qui osait demander 2,00$ supplémentaires par personne. Avec une infinie délicatesse, vous étiez venus m’annoncer ce différent en disant que les membres comprendraient si on leur demandait cette somme additionnelle. Pas question ! En moins de deux, j’affrontais le nigaud qui voulait nous..., nous quoi ? C’est 15,00$, et pas plus ! Les fois suivantes, en trésorier prudent, tu faisais signer une entente. À la maison Tresler, à Vaudreuil, des membres qui avaient promis leur présence au souper ne se sont pas présentés et la section a dû payer pour les absents. C’est toi qui as eu la bonne idée que les membres joignent un chèque à leur promesse de participation à un repas.

Toujours créatif, tu avais organisé une visite guidée à Montréal. Ensemble nous avons cherché un restaurant pour le souper de notre groupe d’environ 50 personnes. Un restaurateur, à qui tu avais parlé de notre projet, nous a offert gracieusement le dîner à tous les deux. Peut-on affirmer que nous avions accepté un pot de vin ? Par la suite, le beau monsieur nous a demandé 33,00$ par personne pour le souper. Comme on n’avait jamais dépassé 20,00$, nous sommes sortis en nous frottant la bedaine et en riant. Nous continuons nos recherches.

Au restaurant Le Sénateur, place Jacques-Cartier, on nous présente un menu intéressant et on nous pose la question : «Combien êtes-vous prêts à payer ?». J’ai lancé : «20,00$ tout inclus !». Le restaurateur a accepté en ajoutant : «Je vous offre aussi vos deux soupers plus celui du chauffeur». Affaire conclue... S’agissait-il d’un autre pot de vin ?

Ces anecdotes ont tissé une belle amitié entre nous, amitié qui s’avère toujours précieuse et inestimable.

Et maintenant, cher Camille, pour parler de ta carrière aux Trois-Lacs, je laisse la parole à nul autre que notre président André Beaudin...

Il me fait plaisir de participer à la présentation de l’ordre de la gratitude pour M. Camille Sauvé... Mon cher Camille, je vais donc faire appel à ta mémoire pour évoquer quelques bons moments vécus ensemble... Camille, tu es donc arrivé en 1985-1986 dans notre C.S., d’abord à la Commission Scolaire de Vaudreuil primaire. Tu t’es joint à une équipe formidable composée de gens dynamiques et hyperactifs.

Q : Pourrais-tu en nommer quelques-uns parmi les plus dynamiques ?...

R : Oui, je suis tombé sur une équipe dynamique dont faisait partie en particulier Yvette, Jeannine, Jeanne, Louis, Roland, Louise, Denis, François et surtout André...

Bonne Réponse.

Q : Camille, te souviens-tu de la signification de ces quatre lettres « TGDE » et ce qu’elles impliquaient pour toi ?

R : Table de gestion des directions d’école...

La TGDE comportait trois moments importants :

- D’abord une réunion sans DG pour se préparer aux surprises... tout se passe bien dans nos écoles, mais on ne sait pas trop ce qu’ils vont nous demander encore.

- Ensuite, la réunion et, à la fin de la réunion, c’était prends la boîte et tous les documents remis à la réunion.

- Après la réunion, au retour à l’école, on se demandait si on aurait le temps de tout faire ce qui nous avait été demandé.

Notre implication dans notre petite Commission Scolaire primaire et surtout notre politique de participation nous amenait à déléguer une direction à chaque réunion du conseil des commissaires... Et, tous les ans, il y avait la soirée sociale avec nos commissaires... Toutes les directions d’école étaient invitées à cette soirée au resto. Ces soirées étaient tellement mémorables qu’elles étaient l’objet d’une évaluation au conseil des commissaires.

Et je ne sais plus en quelle année le social des commissaires eut lieu au Vieux Kitzbüel, une très belle soirée... C’était la première fois que tu étais délégué à la réunion des commissaires. Tu as eu une belle surprise, n’est-ce pas ?

Q : Te souviens-tu de l’évaluation de cette soirée par une commissaire ?

R : Ayant été bien tranquille au cours du party (ce qui n’était pas le cas de tous nos collègues), j’ai eu envie de me cacher sous la table lorsqu’une commissaire particulièrement frustrée m’a crié qu’elle ne remettrait plus les pieds dans une soirée avec des directions d’école.

Après un séjour de quelques années aux Cèdres jusqu’en 1989, Camille a été nommé à l’école Sainte-Trinité à Dorion où il a terminé sa carrière avec la Commission Scolaire des Trois-Lacs.

Q : Te souviens-tu de la chanson du groupe d’hyperactifs... « Les twits » ...Je t’invite à la chanter avec nous.

R : Rame...rame...rame donc...Autrement nous coulerons...

Camille est quelquefois un peu distrait, mais il prend les moyens qu’il faut pour s’aider... Je vous raconte moi-même cette petite fable dont il doit certainement se souvenir.

Je me rends à l’hôpital à Montréal...

Ce n’ est pas facile, mais je me trouve un stationnement.

En sortant de l’hôpital...

Après avoir cherché assez longtemps,

Je ne trouve plus mon auto...

Pas moyen de me rappeler où je l’ai laissée...

Une auto de police vient à passer...

Je leur demande de m’aider...

Dans l’auto-patrouille je me glisse,

Cherche mon auto avec la police

Coup de théâtre qui me donne la trouille

Un appel d’urgence dans l’auto-patrouille...

Les policiers sortent vite de leur auto

Et me laissent là comme un toto

Je les attends un bon bout de temps

Ils m’ont oublié évidemment

Impossible de sortir

L’auto-patrouille est bien barrée

Enfermé je suis resté

Bien assez pour souffrir le martyre...

À la retraite, Camille s’engage dans la section de l’association des retraités.

Camille déteste se tromper...surtout s’il est trésorier du groupe. Il était toujours à l’accueil lors des activités sociales de l’AQDER DU SUROÎT pour recevoir les contributions ou pour remettre un billet de participation... Je le trouvais parfois un peu nerveux... et surtout bien occupé à compter et recompter l’argent, les chèques ou le nombre de participants...

Q : Combien de fois, Camille, recomptais-tu l’argent ?

R : Vingt fois plutôt qu’une...

Merci, cher Camille, d’avoir passé toutes ces belles années avec nous. Tu nous as apporté beaucoup... Ta gentillesse, ton sens de l’humour, ta complicité et ta disponibilité pour toutes nos petites folies... Tu mérites toute notre gratitude... à Vaudreuil, nous t’avions déjà élu à notre temple de la renommée...

Pour terminer, voici un extrait d’un émouvant texte du regretté Doris Lussier, Le Père Gédéon :

«Parvenu aux années septante de mon âge, au beau et gratifiant crépuscule de l’existence, célébrer la vie pour moi c’est aussi chanter la vieillesse. Et pourquoi pas ? La vieillesse peut être moisson, plénitude et joie. Je sens en moi ce merveilleux instinct de bonheur que l’âge transforme en sérénité et en sagesse du soir.»

Voilà Camille, c’est la vie que nous te souhaitons, toi qui as l’âge de ton cœur: deux fois vingt ans.

 

Clarisse Litalien et André Beaudin